Carte du site

LA TERMINOLOGIE JURIDIQUE

[ Accueil ] [ L'ABANDON DU LOGEMENT ] [ L'ÉQUITÉ CONTRACTUELLE ] [ LE DROIT AU LOGEMENT ] [ TERMINOLOGIE JURIDIQUE ]


AIDE-MÉMOIRE DE TERMINOLOGIE JURIDIQUE par : Pierre Gagnon
Publication partielle dans le Bullletin de la Conférence des juges administratifs du Québec,1998, vol. 1, nos 2 et 3.


ACTION

Voie de droit ouverte pour la protection d'un droit ou d'un intérêt légitime (CORNU).

Ex. : Lorsqu'une action est intentée par le locateur contre le locataire...(art. 1874 C.c.Q.).

Synonymes : demande, poursuite, recours, procédure (au singulier), pourvoi (s'agissant d'un appel devant la Cour d'appel ou la Cour suprême). On dépose, engage, entame, entreprend, intente, introduit, prend, produit une action. On actionne, agit en justice, este en jugement, en justice, poursuit.

Ex. : Toute demande ou requête doit être faite par écrit et être signée par la partie qui la produit (Règlement de procédure devant la Régie du logement, art. 3)

Incorrect : instituer, loger une demande (ou un appel), prendre des procédures (au pluriel).


ADOPTER UNE LOI

Une assemblée délibérante (Parlement, Assemblée nationale, conseil municipal, etc.) adopte, édicte ou vote une loi, une résolution ou un règlement. À proscrire : l'expression passer une loi.

Le pouvoir exécutif (conseil des ministres, conseil d'administration, etc.) prend ou édicte un règlement, un arrêté, un décret. Le substantif est édiction (CTJ) .

Les parties passent, concluent, signent un contrat; elles contractent.


AFFAIRE

Affaire : cause soumise au juge (CORNU).

C'est le terme le plus général pour définir un différend soumis au pouvoir judiciaire. Par conséquent, il peut remplacer la plupart de ses synonymes et quasi-synonymes. En voici quelques-uns :

cas : affaire soumise au juge (CORNU).

Bien qu'il ne soit pas faux, à la limite, d'utiliser cas comme synonyme d'affaire dans la plupart des contextes, il est préférable de s'en servir plutôt lorsqu'il s'agit d'un événement ou d'une situation de fait.

Ex. : L'autorisation du tribunal est nécessaire en cas d'empêchement ou de refus injustifié de celui qui peut consentir à des soins...(art. 16 C.c.Q.). Note : au cas où se dit, au cas de ne se dit pas.

cause : affaire qui se plaide (Petit ROBERT).

Synonyme, dans cette acception, d'affaire et d'espèce, c'est celui des trois termes qui est le plus utilisé en langage juridique québécois, sans doute en raison du voisinage du mot anglais case.

Ex. : Une cause ne peut être inscrite pour jugement par défaut contre le Procureur général avant l'expiration de trente jours...(art. 94.6 C.p.c.)

dossier : réunion, sous une cote, de pièces relatives à une même affaire (CORNU).

Ex. : Les dossiers judiciaires et administratifs ayant trait à l'adoption d'un enfant sont confidentiels...(art. 582 C.c.Q.)

À proprement parler, le dossier est le support matériel de l'affaire. L'utilisation au sens figuré est également acceptable, comme dans les expressions «dossier porté en appel» ou «dossier qui a fait jurisprudence».

espèce : cas soumis au juge considéré dans l'ensemble de ses éléments de fait et de droit, et en insistant volontiers sur sa singularité (CORNU). Ne pas confondre jugement de principe (général) avec jugement d'espèce (particulier) (BEAUDOIN).

Les expressions espèce, en l'espèce ou dans l'espèce pour caractériser l'affaire soumise au juge sont correctes.

instance : ensemble d'actes, délais et formalités ayant pour objet l'introduction, l'instruction et le jugement d'un litige (Petit ROBERT).

Ex. : Les instances en cours demeurent régies par la loi ancienne... (art.9 Loi d'application).

Le terme instance contient l'idée de déroulement, de durée. On dira donc «introduire une instance», «être en instance de divorce», «une suspension, un sursis d'instance».

L'expression en l'instance est incorrecte lorsqu'elle vise à remplacer en l'espèce.

litige : différend, désaccord, conflit considéré dès le moment où il éclate..., indépendamment de tout recours à la justice étatique (CORNU).

Ex. : S'il y a litige quant à la suffisance des biens de la caution..., il est tranché par le tribunal (art. 2339 C.c.Q.).

Le terme litige renvoie plutôt à la source de la querelle ou de la dispute qu'à son règlement par voie judiciaire (question en litige).

Ex. : Les principaux modes de règlement amiable des litiges sont la conciliation, la médiation, la transaction (qu'on appelle souvent dans la langue courante règlement à l'amiable) et l'arbitrage (CTJ).

procès : litige soumis à un tribunal; contestation pendante devant une juridiction (CORNU).

ex. : Au jour du procès, si une partie ne produit pas de témoins..., son enquête peut être déclarée close (art. 285 C.p.c.).

Note : verbes cooccurrents d'affaire et de ses synonymes : être saisi de, connaître de, entendre, instruire, juger une affaire. Cependant, l'expression audition d'une cause est incorrecte (v. ci-dessous).


AFFIDAVIT, SUBPOENA

On emploie de moins en moins le latin dans la langue du droit, afin de rendre le discours juridique plus compréhensible. Ainsi, malgré l'emploi du mot affidavit au paragraphe 4a) du Code de procédure civile, la tendance moderne veut qu'on utilise l'expression déclaration sous serment. Éviter l'expression déclaration assermentée; «cet adjectif ne se dit que d'une personne» (CTJ).

Par souci de laïcité, l'article 299 C.p.c. édicte que «le serment...consiste à faire l'affirmation solennelle de dire la vérité...» Rien n'empêche toutefois de demander : «Jurez-vous de dire la vérité...?», puisque le verbe jurer n'a pas nécessairement un sens religieux.

Le terme subpoena est désormais remplacé par ordre de comparaître (appellation de la Régie du logement), citation à comparaître (CTJ), convocation, ou encore par assignation (art. 282 C.p.c.).

La même remarque est valable quant à l'utilisation des termes du vieux français, tels que ledit, icelui, nonobstant, etc. : il est préférable de leur substituer des formulations plus contemporaines ( à la place de nonobstant, employer même si, sans égard à, en dépit de ou malgré, selon le contexte).


À LA SATISFACTION DE, ÊTRE SATISFAIT QUE

Les expressions ci-dessus sont des anglicismes. Éviter «il a été prouvé à la satisfaction du tribunal»; écrire plutôt «il a été prouvé de façon convaincante, prépondérante, satisfaisante». Au lieu de «le juge est satisfait que...», employer «le juge est convaincu que...».

D'autre part, on peut satisfaire son créancier (payer sa dette en entier), satisfaire à un engagement, à une condition.

Ex. : ...la personne qui bénéficie du droit au maintien dans les lieux n'a pas droit à la reconduction de plein droit du bail si elle ne satisfait pas aux conditions d'attribution...(art. 1991 C.c.Q.)


À L'EFFET QUE

Cette locution est un calque de l'anglais «to the effect that». Elle peut être remplacée correctement de diverses façons :

-utilisation de selon avec un relatif. Ex. : «la doctrine selon laquelle le mort saisit le vif».

-utilisation d'un participe présent. Ex. : «il a envoyé une lettre avisant de son départ» au lieu de «il a envoyé une lettre à l'effet qu'il partait».

-utilisation d'un complément déterminatif : «il a envoyé un avis de départ».

-utilisation de la conjonction que. Ex. : «il a avisé le locateur qu'il partait».

Également acceptables : les expressions voulant que et à l'effet de.


ANNULATION, RESCISION, RÉSOLUTION, RÉSILIATION

annulation : Acte juridictionnel par lequel un tribunal constate l'existence d'une cause de nullité et décide en conséquence que l'acte vicié sera rétroactivement tenu pour non avenu, les choses étant remises «dans le même et semblable état » où elles se trouvaient avant l'acte incriminé (CORNU).

Effet de l'annulation : «Le contrat frappé de nullité est réputé n'avoir jamais existé.

Chacune des parties est, dans ce cas, tenue de restituer à l'autre les prestations qu'elle a reçues». (art. 1422 C.c.Q.)

La rescision signifie l'annulation fondée sur la nullité relative du contrat (pour vice de consentement, par exemple; voir art. 1407 C.c.Q.).

résolution : Dissolution...(d'un contrat) pour inexécution des conditions (Petit ROBERT)

résiliation : nom que prend la résolution... dans les contrats successifs qui excluent la rétroactivité (CORNU).

Cette distinction est explicitée dans l'article 1604 C.c.Q.


ARRÉRAGES, ARRIÉRÉ

arrérages : termes échus d'une rente, d'une pension ou d'une redevance quelconque (CORNU)

arriéré : dette échue et qui reste due (Petit ROBERT)

Bien que les deux sens soient voisins, il est préférable, pour désigner une somme de loyer impayé, d'utiliser arriéré, au singulier ou au pluriel, parce que ce terme rend mieux l'idée de retard.

Ex. : S'il (le tribunal) accorde une augmentation de loyer, il peut échelonner le paiement des arriérés sur une période qui n'excède pas le terme du bail reconduit (art. 1953 C.c.Q.).


ARTICLE, PARAGRAPHE, ALINÉA

Voici la façon généralement reconnue de citer les articles ou parties d'articles d'une loi ou d'un règlement :

-l'article 1652 (ou 1652.1) du Code civil du Bas-Canada;

-le paragraphe 28(1) de la Loi sur la Régie du logement;

-l'alinéa 6(2)a) de la Charte canadienne des droits et libertés.

-le sous-alinéa 5(2)a)i de la Loi.


AUDIENCE, AUDITION

audience : séance d'un tribunal (Petit ROBERT).

audition : action, pour un juge, d'entendre un plaideur, un témoin ou un technicien (CORNU).

On dira donc : tenir une audience, décision rendue à l'audience, avis d'audience, le déroulement de l'audience, etc.

- par ailleurs, l'exemple suivant est juste : «le juge a procédé à l'audition des témoins».

-l'expression enquête et audition que l'on trouve à l'article 195 du C.p.c. est un calque de l'anglais proof and hearing. L'enquête, c'est l'instruction de la cause (livre II, titre V, c. I C.p.c.), et notamment l'audition des témoins (Ibid., section V).

Le CTJ n'admet pas l'audition d'une cause; BEAUDOIN l'accepte.


BANC

Il s'agit d'un «faux frère» du terme anglais bench. Voici donc quelques utilisations incorrectes et l'expression juste équivalente :

-banc de révision : bureau de révision

-un banc de trois juges : un comité de trois juges, le tribunal composé de trois juges

-monter sur le banc : accéder à la magistrature, être nommé juge

-décision rendue sur le banc : décision rendue de vive voix, à l'audience, séance tenante, sans délibéré.

L'expression juge en son cabinet doit être utilisée plut]ot que juge en chambre.


BRIS DE CONTRAT

Anglicisme (breach of contract). Utiliser plutôt inexécution, inobservation, manquement, rupture, violation, contravention à (employé plutôt en matière pénale).


COMPAGNIE

Le mot compagnie tend à des disparaître des textes juridiques au profit du syntagme société par actions.

-Ex. : La société est en nom collectif, en commandite ou en participation.

Elle peut être aussi par actions; dans ce cas, elle est une personne morale (art. 2188 C.c.Q.).


COMPÉTENCE, JURIDICTION

compétence : ensemble des pouvoirs et devoirs attribués à un agent pour lui permettre de remplir sa fonction (CORNU).

C'est le terme général qui s'applique à toute autorité publique. Quelques exemples :

«les champs de compétence dévolus (ou conférés) au Québec par l'AANB» (législatif);

«la compétence attribuée au ministre de l'Éducation» (exécutif);

«la compétence territoriale de la Régie du logement» (judiciaire).

Les termes autorité, pouvoir, puissance ont un sens voisin.

Le mot juridiction, d'autre part, n'a que deux sens bien précis :

1. pouvoir de juger, de rendre la justice; étendue et limite de ce pouvoir (Petit ROBERT)

Ex. : «la juridiction de la Régie a été contestée en Cour suprême par un groupement de propriétaires.»

2. organe institué pour exercer le pouvoir de juridiction (CORNU)

Ex.: «la Régie du logement est la juridiction qui connaît des demandes relatives aux baux résidentiels.»

Le terme peut également signifier «ensemble de tribunaux de même catégorie, de même degré» (Petit ROBERT). Ex. : juridiction de droit commun, d'exception, criminelle, civile, etc.

Le terme ressort (être du ressort de, ressortir à) est un synonyme de juridiction. Selon la CTJ, «Dans la langue juridique actuelle, le terme ressort désigne exclusivement le domainde de compétence territoriale d'une autorité».

Le mot anglais jurisdiction a un sens beaucoup plus étendu. Il s'applique notamment aux pouvoirs législatifs des provinces et aux circonscriptions administratives et géographiques.


COCONTRACTANT, COLOCATAIRE

cocontractant : chacun de ceux qui sont partie à un contrat (Petit ROBERT)

colocataire : personne qui est locataire avec d'autres dans le même immeuble (Petit ROBERT)

Dans la langue courante, mon colocataire, c'est la personne qui a conclu le bail avec moi et avec qui je cohabite : c'est mon «coloc». La définition que donne le Petit ROBERT est suffisamment large pour permettre de confirmer l'acception consacrée par l'usage.

Rien ne s'oppose, cependant, à ce que cocontractant soit utilisé lorsqu'il est question, plus précisement, de la relation juridique qui existe entre les parties.


CONJOINTEMENT ET SOLIDAIREMENT

Traduction fautive de jointly and severally pour exprimer le concept de solidarité. En droit civil, les sens de conjoint (art. 1518 C.c.Q.) et de solidaire (art. 1523 et 1541 C.c.Q.) ne sont pas complémentaires : ils sont carrément opposés.


DÉCISION, ARRÊT, JUGEMENT

décision : jugement qui apporte une solution (Petit ROBERT)

jugement : décision à caractère juridictionnel d'un juge...(OLF)

arrêt : décision à caractère juridictionnel rendue par une cour d'appel ou la Cour suprême d'un État (OLF)

Dans la langue juridique, décision est le terme générique qui s'applique à toutes les manifestations du pouvoir judiciaire ou quasi judiciaire, mais on parle plus couramment des jugements de la Cour du Québec, de la Cour supérieure, de la Cour fédérale et des autres tribunaux de même niveau siégeant en première instance.


DÉFRAYER

-décharger quelqu'un de ses frais (Petit ROBERT)

Défrayer est un synonyme de dédommager : on défraie une personne des dépenses qu'elle a assumées (et non : on défraie les dépenses que la personne a assumées).


DISPOSER D'UNE QUESTION

Par emprunt de mauvais aloi à l'anglais (dispose of), les verbe disposer est souvent employé dans un sens que le français ne lui reconnaît pas. Il faut dire :

-régler, trancher une question;

-statuer sur une objection;

-se prononcer sur l'objet du litige («dispose of the matter»);

-décider, juger, statuerdispose of the case»)

-une décision est confirmée en appel ou en révision : elle n'est pas maintenue.


DOMMAGE

Au singulier, il s'agit du «préjudice subi par quelqu'un»; au pluriel, des «dégâts matériels causés aux choses» (Petit ROBERT).

En matière de responsabilité civile, le Code civil du Québec utilise désormais préjudice plutôt que dommage (art. 1457 C.c.Q.).

On utilise souvent le pluriel dommages en calquant à tort le mot anglais damages. Voici les termes justes :

-Au lieu de (accorder) des dommages : dommages-intérêts, indemnité, dédommagement, réparation, redressement.

-Au lieu de demande de dommages : demande en dommages-intérêts.


ÉMETTRE

Le terme émettre n'a pas un sens aussi large que l'équivalent anglais to issue. On émet une opinion, un chèque, des billets de banque, des réserves, des voeux; par contre, on délivre un bref, un permis, une autorisation, une attestation, on rend ou on prononce une ordonnance (ou une injonction), on lance ou on décerne un mandat.

Ex. : Le juge peut...rendre les ordonnances qu'il croit nécessaires (art. 290 C.p.c.)

Ex. : ...le bref peut être délivré...en dehors des heures de bureau...(art. 112 C.p.c.)


ENCOURIR

Se mettre dans le cas de subir quelque chose de fâcheux; s'exposer à (Petit ROBERT).

On n'encourt pas des frais, des coûts ou des dépenses : on les assume, subit, engage, supporte, contracte...; ils sont occasionnés, entraînés, causés par...

Par contre, on encourt une peine, une amende, un reproche.


EN VERTU DE

Les renvois sont des prépositions et locutions prépositives qui mettent en rapport un être, un état ou une action avec le texte de l'acte juridique qui le concerne (loi, règlement ou contrat, par exemple). La plus courante de ces locutions, en vertu de, exprime une notion de force, de pouvoir et, par conséquent, un état ou une action résultant de l'exercice de ce pouvoir.

Ex. : régisseur nommé en vertu de la Loi sur la Régie du logement.

Ex. : ...un droit qui lui est accordé en vertu du présent chapitre...(art. 1899 C.c.Q.)

Ex. : ...comité consultatif d'urbanisme...constitué en vertu de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme [Loi constitutive, par. 54.13(3)].

Note : il ne faut pas utiliser l'expression «infraction perpétrée en vertu de l'article X», cette formulation laisse croire que c'est le texte de loi qui autorise la commission de l'infraction.

Voici d'autres exemples de renvois :

au sens de : un logement au sens de l'article 1892 du Code civil du Québec.

aux termes de : le locataire est responsable du chauffage aux termes du bail (note - selon le libellé du bail).

conformément à , en conformité de : Le locateur d'un logement à loyer modique doit tenir à jour un registre...et une liste d'admissibilité... conformément aux règlements de la Société d'habitation du Québec...(art. 1985 C.c.Q.)

en application de, par application de :

Ex. : L'automobile a été saisie en application de la Loi sur l'accise (1994 R.J.Q. 1514);

Ex. : Le juge appelé à continuer une affaire...par application des dispositions des articles 464 et 465 peut...(art. 466 C.p.c.)

prescrit par : Le locateur est tenu...de remettre un exemplaire du bail...reproduisant les mentions prescrites par les règlements... (art. 1895 C.c.Q.)

prévu à, prévu par : Quiconque refuse de se conformer à une ordonnance de la Régie autre que celle prévue par les articles 1656.2 et 1656.6 du Code civil commet un outrage au tribunal... (Loi constitutive, art. 112).

sous le régime de : alinéation d'un immeuble situé dans un ensemble immobilier effectuée sous le régime des articles 45 et suivants de la Loi constitutive de la Régie.

suivant : Les greffiers...sont nommés et rémunérés suivant la Loi sur la fonction publique (Loi constitutive, art. 19)

visé à, visé dans : ...la Régie n'est pas compétente pour entendre une demande visée aux articles 645 et 646 du Code de procédure civile...[Loi constitutive, paragraphe 28(3)]


ÉVACUATION, ÉVICTION, EXPULSION

Il s'agit de trois concepts distincts; leur sens est précisé par le Code civil du Québec.

L'évacuation : L'avis (de réparations majeures) indique la nature des travaux, la date à laquelle ils débuteront et l'estimation de leur durée, ainsi que, s'il y a lieu, la période d'évacuation nécessaire...(art. 1923 C.c.Q.).

éviction : Le locateur d'un logement peut en évincer le locataire pour subdiviser le logement, l'agrandir substantiellement ou en changer l'affectation (art. 1959 C.c.Q.).

expulsion : Le locateur d'un immeuble peut obtenir l'expulsion du locataire qui continue d'occuper les lieux loués après la fin du bail ou après la date convenue au cours du bail pour la remise des lieux... (art. 1889 C.c.).

Chacun des termes correspond à une situation juridique précise. Éviter surtout de remplacer expulsion par éviction : c'est un calque fautif du mot anglais «eviction», qui est utilisé dans les deux sens.


FAUSSE REPRÉSENTATION

Anglicisme. Remplacer par allégation mensongère, déclaration mensongère, fausse déclaration, présentation mensongère de la réalité ou les formes verbales induire en erreur, déguiser la vérité, tromper...

Ex. : Lorsqu'un logement à loyer modique est attribué à la suite d'une fausse déclaration du locataire...(art. 1988 C.c.Q.).

Note : on ne fait pas des représentations au juge à la fin d'un procès : on fait des commentaires, des observations, une plaidoirie, des remarques.


LÉGAL, JUDICIAIRE, JURIDIQUE

légal : qui a valeur de loi, résulte de la loi, est conforme à la loi...(Petit ROBERT).

juridique : qui a rapport au droit (Petit ROBERT).

judiciaire : qui concerne la justice rendue par les tribunaux judiciaires (CORNU).

Juridique est le le terme le plus général. On dit donc «aide juridique» parce que cet organisme fournit à la fois des conseils juridiques et de l'assistance judiciaire. Également, lorsqu'on fait référence aux répercussions globales d'une situation, il faut dire implications juridiques et non légales. Exceptionnellement, selon CORNU, légal peut avoir le sens de «conforme au droit».

Il faut dire conseiller juridique plutôt qu'aviseur légal et conseil, avis, opinion juridique plutôt qu'avis légal.


LÉGISLATION, LOI

Législation : Ensemble des lois...d'un État ou d'une région...ou des lois relatives à une branche du droit (CORNU).

On dit donc «la Loi sur la Régie du logement», mais «la législation relative au logement locatif» (comprenant la Loi sur la Régie, les articles 1892 et suivants du Code civil du Québec etc.).


MONTANT, SOMME

montant : chiffre auquel monte, s'élève un compte (Petit ROBERT).

somme : quantité d'argent (Petit ROBERT).

Montant ne peut pas être utilisé sans déterminant : l'expression «un montant de 1 000 $» est donc incorrecte.

Dans ce cas, c'est somme qu'il faut employer. Utiliser montant dans les expressions «montant des dommages-intérêts », «montant de la facture», etc.

Ex. : le pourcentage applicable à une dépense d'immobilisation ne peut excéder celui que représente par rapport au montant de l'emprunt, la somme annuelle payable en capital et intérêts en vertu d'un prêt...[Règlement de fixation, al. 3(4)a)].


MOTIF, MOYEN

motif : ...raison de fait ou de droit qui commande la décision et que le jugement doit exposer...(CORNU).

Ex. : La minute d'un jugement...contient, outre le dispositif, les motifs de la décision exprimés de façon concise (art. 471 C.p.c.).

moyen : ...raisons de fait et de droit invoquées par un plaideur à l'appui de sa prétention...(CORNU).

Ex. : Le défendeur peut, avant de plaider au fond, opposer à la demande les moyens préliminaires prévus dans ce chapitre (art. 159 C.p.c.).


RÉFÉRER

Le verbe référer n'a que deux acceptions justes en français.

1. transitif indirect.

Ex. : Incapables de régler leur litige, les parties en ont référé à la Régie.

2. pronominal.

Ex. : L'avocate s'est référée à l'arrêt Rockhill.

Les utilisations suivantes, calquées sur l'anglais (to refer), sont incorrectes :

1. «La cause a été référée au régisseur pour décision». On dira plutôt déférer, envoyer à ou transmettre à.

2. «Je réfère à la déclaration antérieure du témoin». Utiliser : renvoyer, faire référence, se référer à, se reporter à, s'en rapporter à, recourir à .


SOUMETTRE

L'expression soumettre que est un anglicisme qu'on retrouve fréquemment dans les textes juridiques. Écrire plutôt :

-pour exposer des faits : affirmer, alléguer, dire, déclarer, exposer que, etc.

-pour formuler une opinion ou une conclusion : avancer, faire valoir, prétendre, soutenir, plaider, etc.

On peut toutefois soumettre un fait, un document à l'appréciation du tribunal.


STIPULATION, STIPULER

-Énoncer comme condition dans un contrat, un acte (Petit ROBERT).

Ex. : On ne peut, dans un contrat, stipuler en faveur d'un tiers (art. 1444 C.c.Q.).

Ex. : Est sans effet, dans un bail à durée fixe de douze mois ou moins, la clause stipulant le réajustement du loyer en cours de bail (art. 1906 C.c.Q.).

La loi ou le règlement porte, énonce, prescrit, prévoit, autorise, établit, édicte, dispose, dit (que) etc.; le législateur, la loi et le règlement ne stipulent pas.

On parle de stipulation, de condition ou de clause d'un contrat, mais de disposition ou de prescription d'une loi ou d'un règlement.


Sigles

(BEAUDOIN) BEAUDOIN, Louis et Madeleine Mailhot, Expressions juridiques en un clin d'oeil, 1997, Cowansville, Éditions Yvon Blais, 209 p.

(CORNU) CORNU, Gérard, Vocabulaire juridique (2e éd.), 1990, Paris, Presses universitaires de France, 859 p.

(CTJ) Commission de terminologie juridique, Termes juridiques, 2e édition, 1997, Ministère de la Justice, Gouvernement du Québec, 51 p.

(Petit ROBERT) ROBERT, Paul, Le Petit ROBERT, 1990, Paris, Dictionnaires LE ROBERT, 2 171 p.


Copyright © 2001 Pierre Gagnon
Révision:: 2002-02-19